Près d’un tiers des déchets ménagers finit encore en décharge, une aberration à la fois écologique et économique. Pour inverser la tendance, les acteurs appellent à intensifier le tri à la source et à investir massivement dans des infrastructures de valorisation.
Face à la crise énergétique et à l’urgence climatique, les syndicats de traitement des déchets entendent jouer un rôle clé dans la transition. Corentin Duprey, président du Syctom, a plaidé pour une évolution du rôle de ces structures : « Il ne s’agit plus seulement de collecter et de traiter, mais de produire des ressources et de sécuriser nos approvisionnements énergétiques. » Une mutation qui exige un accompagnement renforcé de la part de l’État, notamment en matière de financement et de stabilité réglementaire.
Méthanisation : cap sur les gaz renouvelables
Le potentiel énergétique des biodéchets reste largement sous-exploité. Selon les experts, ceux-ci pourraient couvrir jusqu’à 20 % de la production nationale de biogaz.
Parmi les projets phares, l’usine de méthanisation de Gennevilliers, prévue pour fin 2026, traitera 50 000 tonnes de biodéchets par an pour produire 40 GWh de biométhane, l’équivalent de la consommation annuelle de 5 000 foyers. Une avancée majeure vers l’objectif de 10 % de gaz renouvelable dans le réseau d’ici 2030.
Réforme des filières REP : une redistribution des responsabilités
Autre point clé de la conférence : la réforme des filières à responsabilité élargie des producteurs (REP). Créé en 1993, ce système peine à remplir ses objectifs. En effet, le recyclage stagne : 67 % pour les emballages, seulement 40 % pour les meubles. D’autres, comme le textile, sont en difficulté.
Les collectivités locales réclament ainsi plus de flexibilité contractuelle et une meilleure prise en charge des coûts par les producteurs.
Valoriser les déchets : un pilier de souveraineté industrielle
Taxer les matières non recyclables, imposer l’usage de matériaux recyclés dans l’industrie, mieux contrôler les contributions des producteurs : autant de pistes évoquées pour bâtir un modèle économique plus circulaire.
Pour Corentin Duprey, « tant que la valorisation des déchets ne sera pas considérée comme un pilier de notre souveraineté industrielle, nous resterons dans une gestion à court terme ».